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Dimension système solaire

mardi 12 août 2014, par Denis Blaizot

Dimension système solaire
Éditions Rivière Blanche
2014

Auteur : Collectif

Illustration de couverture : Jean-Pierre Normand

Titre français : Dimension système solaire

Éditeur : Rivière blanche

Année de parution :

ISBN : 978-1-61227-320-4

Quatrième de couverture :

Anthologie présentée par Arnauld Pontier.

Textes de Phil Becker, Jean-François Benat, Lydie Blaizot Lydie Blaizot Lydie Blaizot (Cherbourg, 12/07/1973) est une écrivaine française de fantastique, de science-fiction et de fantasy. , Anthony Boulanger, Cédric Burgaud, Franck Cassilis, Julie Conseil, Romain Dasnoy, Célia Flaux, Cédric Girard, Frédérick Guichen, Bernard Henninger, Alexis Hodieux, Gulzar Joby, Sylvain Lamur, Bernard Leonetti, Meddy Ligner, David Mons, Niko, Marc Oreggia, Laurent Pendarias, Rodrigue Piberne, Bruno Pochesci, Yann Quero, Jean-Paul Raymond, Julie Subirana, Benedict Taffin et Vyl Vortex.

20 Planètes et corps célestes abordés : Terre, Lune, Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton, Aernus, Cérès, Io, Ganymède, Titan, Encelade, ceinture de Kuiper, Sedna, Charon, et la comète de Halley.

« Espace, frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau spatial... » Cette première phrase du générique de la série américaine Star Trek résume, mieux qu’un long discours, la fascination de l’espèce humaine pour l’inconnu, l’univers, son exploration et sa colonisation.

Le voyage est déjà immobile : dans la pensée, l’imagination, le rêve, dans le spectacle même du ciel, qui nous hypnotise. Il y a entre l’infini et l’éternité comme un glissement : partir vers les étoiles, c’est toucher du doigt la relativité du temps, la finitude de notre vie. C’est oser à la fois craindre et espérer, quémander l’immortalité aux dieux incertains de cette immensité.

Cette anthologie va vous transporter de la Terre à la comète de Halley, en passant par la Lune et dix-sept autres corps célestes de notre système solaire : un formidable voyage, sur des mondes fascinants.

En feuilletant ce livre, grâce à ces nouvelles, vous allez franchir cette frontière qui attire notre regard et notre imagination. C’est un pas vers l’étrange, l’incompréhensible, l’inattendu. Mais également un pas vers la joie, la peine, l’espérance, et la peur...

Ce volume contient :
-* Phil Becker : Marsification (Terre)
-* Frédérick Guichen : Boomerang Bang ! (Terre)
-* Bernard Leonetti : Ahriman (Terre)
-* Bernard Henninger : Bagne de Qamdo (Lune)
-* Arnauld Pontier : Un Point sur la Lune
-* Romain Dasnoy : Guide de voyage pour Mars
-* Meddy Ligner : Marslag
-* Marc Oreggia : Venus Climax
-* Célia Flaux : Une journée avec Igor (Venus)
-* Franck Cassilis : La folie de l’espace (Mercure)
-* Lydie Blaizot : La Taupe (Mercure)
-* Cédric Girard : Planète Mère (Jupiter)
-* Yann Quero : Le compagnon de Ganymède
-* David Mons : L’Hubris (Saturne)
-* Sylvain Lamur : Les tombeaux d’Uranus
-* Laurent Pendarias : Le calcul plutôt que les sens (Neptune)
-* Julie Subirana : Le scarabée de Neptune
-* Bruno Pochesci : Du rififi dans la ceinture de Kuiper (Pluton)
-* Alexis Hodieux : Plutonique
-* Julie Conseil : Nous, les captifs (Aernus, planète fictive)
-* Anthony Boulanger : Les millions d’enfants de Phaéton (Cérès)
-* Jean-François Benat : Dawn (Cérès)
-* Niko : Io, planète prison
-* Rodrigue Piberne : Sous les mers de Titan
-* Cédric Burgaud : Les enfants de Gaia (Encelade)
-* Gulzar Joby : Rendez-vous avec Stella (Ceinture Kuiper)
-* Vyl Vortex : La Frontière (Sedna)
-* Jean-Paul Raymond : Les entrailles de Charon
-* Benedict Taffin : Non, mais allô quoi... (Comète de Halley)

Mon avis : Je n’ai jamais été un chaud partisan des préfaces, mais celle de Arnauld Pontier est plutôt réussie. Si ce n’est que j’aurais une question à lui poser : à la page 6, il écrit « Les dix planètes sont là — je rétablis illico Pluton dans son rang, on verra pourquoi... » Ok, Pluton fait partie des planètes de notre système solaire. Pourquoi pas. Mais quelle est la dixième ? Officiellement, les corps du système solaire qui sont identifiés comme planète sont : Mercure, Venus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus... et Pluton si vous insistez. Mais même avec cette dernière, ça ne fait que neuf. :) Ah oui !!! Juste après, est citée une planète hypothétique du nom d’Aernus. La voilà, la dixième planète. Mais c’est quoi cette construction de phrase à la noix ?

Phil Becker, avec Marsification, n’a pas su me convaincre. C’est tellement global que je ne sais pas vraiment dire ce que je reproche à cette première nouvelle. Une chose est certaine, elle ne me donne pas envie de découvrir les deux textes de cet écrivain qui ont reçu des récompenses. Peut-être son côté vieillot, éculé. J’ai eu l’impression de relire une nouvelle publiée dans les années 70/80. Beau tour de force pour un auteur qui n’a que 29 ans. À une époque (2014 2014 ) où la planète Mars est photographiée en détail depuis l’espace, y découvrir une pyramide en ruine... Bien sûr, on y trouve des artefacts. Normal. Classique, devrais-je plutôt dire. Et c’est quoi cette histoire d’ondes mystérieuses autopropulsées qui accélèrent de façon exponentielle ? Pour conclure, un petit mot sur le narrateur/personnage principal : c’est un « étudiant » qui ne sort jamais de chez lui (ou peu s’en faut), se fait livrer des surgelés dans sa boite aux lettres congélateur, ne consulte ses cours via internet que quand il n’y a rien à la télé. Et je préfère ne rien dire de sa vie de couple... parce qu’il vit en couple. Bref, suivante !!

Frédérick Guichen a un style plus abouti. Ce qui en soi est un bien, mais Boomerang Bang ! est encore une histoire de désertification de la Terre pour la rendre similaire à Mars. Ici, il est clair que le narrateur est au bord de la crise de nerf et que tout ceci pourrait n’être que son délire. Le motif est plus clair : la colonisation. Les personnages sont pleins de vraisemblance. Ça rattrape la nouvelle de Becker.

Ahriman, de Bernard Leonetti, a un gros défaut pour être à mon goût : c’est de la fantasy. Malgré tout, il s’agit, je pense, de très bonne fantasy. Ce conte est inspiré par le personnage mythique de Gilgamesh. Il est donc bien ancré dans l’histoire de l’humanité, mais ça ne lui donne pas pour autant une légitimité dans ce recueil. Page 43, vous pouvez lire Mon glaive s’entrechoque dans son fourreau d’argent. Était-il possible de faire un choix de verbe plus maladroit ? C’est l’occasion pour moi de prendre conscience des quelques coquilles que j’ai pu repérer depuis le début de cette lecture.

L’écriture de Bernard Henninger est agréable, mais Bagne de Qamdo présente un défaut fréquent dans les nouvelles récentes : l’introduction représente les 3/4 de la nouvelle. Et encore, celle-là a un avantage indéniable sur bien d’autres : on ne s’ennuie pas en lisant le début de la nouvelle. Le lecteur se contente de se demander ce que veut lui raconter le narrateur mis à part présenter un contexte. Heureusement ce texte fait une quinzaine de pages ; ce qui nous laisse trois ou quatre pages pour amener la conclusion. Ça, c’était pour la construction. Venons-en maintenant à l’histoire. Je n’en dirais pas grand’chose, si ce n’est qu’installer un bagne façon XIXe siècle — les bagnards exploitent une mine quasiment à mains nues — sur la Lune alors qu’il n’a pas l’air de s’y développer quoi que ce soit d’autre me paraît une belle aberration digne d’une certaine SF vieille d’un demi-siècle.

Avec Un Point sur la Lune, Arnauld Pontier signe une nouvelle digne d’être comparée à celles des plus grands : Brown, Sheckley, Simak, etc... Pourquoi ces trois-là ? Parce que la nouvelle d’Arnaud est comme les leurs : courte, dynamique, empreinte d’humour. Arrivé à ce point de ma lecture, je dois dire que le texte de l’anthologiste est le premier à retenir mon attention.

Je n’aime pas particulièrement les plaquettes touristiques et le Guide de voyage pour Mars de Romain Dasnoy n’échappe pas au phénomène. Très certainement parce que le premier paragraphe nous promet un « holoflyer » bourré d’informations, de conseils, de photographies et de vidéos et qu’il ne nous livre au final qu’un texte assez insignifiant dont la présentation banale ne fait même pas penser à une publicité d’office de tourisme : texte de présentation ordinaire avec seulement, de place en place, quelques mots en majuscules pour les mettre en valeur. Cette idée nécessitait au moins une maquette originale. D’autant plus qu’il n’y a aucune histoire.

Meddy Ligner m’a fait peur avec son histoire de goulag sur Mars. Je le voyais bien parti pour faire dans le cliché. Ce qu’il a fait en partie. Je suis surpris qu’un auteur né en 1974 1974 , et qui n’a donc pas vraiment connu l’état totalitaire de la guerre froide imagine un futur où la Russie n’a fait qu’installer un bagne sur notre lointaine cousine. Mais si c’est la base narrative de Marslag, c’est loin d’en être le cœur. Au final, passé cet a priori on est plutôt agréablement surpris par la fin.

Je ne vais pas critiquer Venus Climax de Marc Oreggia. Parce que je ne l’ai pas lue. Pourquoi ? Pour ça : Alors que Roy Loscontrol, mû par une envie de baise de plus en plus brûlante et sauvage, courait depuis un segment après Kleet dans les rues de Niujing que lubrifiaient en glougloutant salement les pluies de l’été vénusien — des averses brèves et drues qui tombent toujours au mauvais moment et qui laissent après qu’elles sont passées une étrange odeur d’acier rouillé — Kleet, elle, cherchait quelques blocs plus loin un chirquant pas trop regardant qui accepterait enfin de débrider son cortex. C’est quoi ce verbiage ? Ce n’est pas donné à tout le monde de faire des phrases à la Proust. Et là, c’est raté. Je passe à la nouvelle suivante. Mais je vous rassure, je ne me suis pas limité à la première phrase de ce texte pour arrêter ma décision. Par exemple, nos héros sont capables de réaliser des bombes atomiques aussi petites qu’un larynx. Ce qui est physiquement totalement impossible puisque la masse critique ne pourra jamais être atteinte [1].

Célia Flaux nous offre une perle : Une journée avec Igor. Mais une perle qui n’est pas des plus pures. En effet, L’auteur fait l’erreur de parler de dioxyde de carbone liquide dans l’atmosphère de Vénus — ce qui est physiquement impossible — alors qu’elle semble par ailleurs tenir compte de la vérité scientifique de cette planète. J’ai été également très surpris de lire que les vaisseaux cargos qui font la liaison entre la Terre et Vénus parcourent cette distance à des vitesses supraluminiques. D’autant plus surprenant que les télécommunications, même urgentes, se font à la vitesse de la lumière. Cette nouvelle sort malgré tout du lot et n’est pas loin de pouvoir égaler les nouvelles des grands auteurs.

Jusque-là, j’avais chroniqué chaque nouvelle juste après sa lecture. Mais j’ai fait une coupure. Alors, quand j’ai voulu reprendre.... Hé bien, il m’a fallu réfléchir à ce que racontait Franck Cassilis dans sa nouvelle La folie de l’espace avant de pouvoir en dire quelques mots. Si elle avait été mauvaise, c’eut été plus simple car je m’en serais souvenu. Mais cette petite histoire d’activités secrètes et illégales sur Mercure est plutôt bonne.

J’ai été amusé de constater que la nouvelle de Lydie Blaizot, La Taupe qui se déroule également sur Mercure est aussi une histoire d’activité secrète, d’espionnage pour être plus précis. Rien à redire comme d’habitude, ceux qui connaissent cette auteure la retrouveront avec plaisir dans cette histoire courte (mais ça n’est pas la plus courte du volume, je vous rassure).

Je n’ai pas accroché à Planète Mère de Cédric Girard. Il y a pourtant de bonnes idées, mais quelque chose m’a gêné dans la narration sans que je puisse vraiment dire quoi.

Deux, trois petites choses m’ont gêné dans Le compagnon de Ganymède de Yann Quero. Tout d’abord, encore une histoire d’homosexuel refoulé. D’accord, eux aussi ont le droit d’être les héros des littératures de l’imaginaire. Mais ce n’est peut-être pas suffisant pour en faire des meurtriers psychopathes. Hé oui tout le monde meurt avant la fin. Je l’ai dit. Mais ce qui m’a, au final, le plus dérangé, ce sont des erreurs comme classer le scandium et l’Yttrium dans les métalloïdes ou mettre en lien Gaïa, déesse grecque de la Terre mère et Jupiter, dieu romain. Pour la première, voilà ce que c’est de vouloir absolument utiliser des synonymes sans prendre en compte le sens vrai du mot. Pour la seconde, d’accord, l’un et l’autre ont leur pendant dans la mythologie de chacune de ces grandes civilisations méditerranéennes de l’antiquité. Mais deux ou trois petites phrases auraient suffi à établir cette liaison.

David Mons nous offre avec L’Hubris un aperçu de ce qui pourrait être du grand Space-Op flirtant avec les plus grands romans du genre tels Hypérion de Dan Simmons. Que dire de plus ? Et est-ce utile ?

Les tombeaux d’Uranus de Sylvain Lamur m’ont nettement moins emballé. En particulier à cause de facilités telles que les noms des personnages. Mais aussi et surtout le côté caricatural des personnages et de la trame.

Laurent Pendarias développe dans Le calcul plutôt que les sens quelques idées intéressantes. Mais son style a besoin de mûrir encore un peu.

Julie Subirana a-t-elle été inspirée, pour écrire Le scarabée de Neptune par les œuvres de Philip K. Dick (1928 — 1982) ? Le lecteur qui connaît ce grand écrivain est, je pense, en droit de se poser la question. Non pas qu’il y ait un semblant de plagia, mais cette idée de suicide assisté et personnalisé par un rêve implanté par un robot fait immanquablement penser à Total Recall. À lire, donc.

Bruno Pochesci offre au lecteur un petit bijou d’humour : Du rififi dans la ceinture de Kuiper. En lisant l’intro, j’avais pris peur à lire que Pluton était rétabli dans son rang... mais c’est justifié. À lire également. Malgré les coquilles et l’inconstance de l’auteur à nommer Pluton par les numéros 130340 ou 134340. Une fois corrigée de ces défauts, elle aura sa place parmi les nouvelles de SF humoristiques des plus grands auteurs.

Pluton a inspiré des textes humoristiques. Car, Plutonique d’Alexis Hodieux est drôle. Moins que la précédente ; il est vrai, mais drôle. Elle a une autre caractéristique qui me fait penser à Fredric Brown (1906 — 1972) : elle est courte avec une chute.

Pour Nous, les captifs, Julie Conseil nous invente une planète fictive : Aernus. Pourquoi pas. Quoique j’ai du mal à valider l’existence d’une planète qui fasse partie du système solaire mais soit assez loin pour nécessiter, avec nos technologies actuelles, trois générations pour l’atteindre. Je n’ai donc pas adhéré à un élément clef [2] de l’histoire. Le plus horripilant est sans doute le nom de certains personnages. Déjà Shepard me fait immanquablement penser à Lucius Shepard, à l’astronaute américain Alan Shepard et John Sheppard, le héros de Stargate Atlantis. Alors, c’est peut-être un hommage à l’un de ces trois-là (ou un autre, car les Shep(p)ard sont nombreux), mais Sal Iout me fait grincer des dents. Non. Là, même moi dans un jour sans inspiration je n’oserais pas appeler un personnage d’un nom construit comme celui-ci. Beurk ! Dernier, et pas des moindres, au début de cette nouvelle il est dit que tout a été fait pour choisir des personnes d’exception pour cette mission et tout montre au fil des paragraphes qu’il n’en a rien été.

Les deux suivantes (Anthony Boulanger : Les millions d’enfants de Phaéton et Jean-François Benat : Dawn) ont un point commun : ça démarre plutôt bien et ça finit en catastrophe. Pour les deux, la fin me donne le sentiment d’être mal ficelée. Y avait-il une longueur limite aux nouvelles de cette anthologie ? À noter pour Dawn un élément qui ne me paraît pas crédible : je vois mal une mission d’exploration de Cérès organisée avec un chef de mission suicidaire. Car qu’est-ce d’autre ? Ce monsieur prend la décision de ne pas rentrer sur Terre et de mourir sur Cérès. Car ce ne peut être que la seule issue au moment où il prend cette décision. Mouais.

Io, planète prison, de Niko, est bien écrite. Mais c’est tout ce qu’elle a pour elle. Elle est assez typique d’un certain cinéma américain : beaucoup d’effets spéciaux pour camoufler le manque d’originalité du scénario et son inconsistance.

Sous les mers de Titan, de Rodrigue Piberne, n’est pas mauvaise. Mais elle est perfectible. Déjà d’un point de vue technico-scientifique. Wikipedia est ton ami... quand tu n’as pas une bonne encyclopédie sous la main. Et ça t’évite d’écrire de grosses co***ies. Non, la gravité à la surface de Titan n’est pas 1,5 fois la gravité à la surface de la Terre. (voir p. 321 au milieu) La gravité sur Titan n’est que de 1.428m/s², soit un peu plus de un septième de la gravité terrestre. Par contre, la pression atmosphérique au sol est de 1,5 bar. Sur wikipedia toujours, on peut lire : L’atmosphère comporte des couches opaques de brouillard qui bloquent la majorité de la lumière du Soleil. Ça évite de parler de trouées dans les nuages qui permettent de voir Saturne. C’est romantique, d’accord, mais ce n’est pas une nouvelle romantique puisque le héros disparaît à la fin.

Dans Les enfants de Gaia, Cédric Burgaud nous assomme d’inepties tirées des plus mauvais nanars d’action. Ça commence par les échanges verbaux de personnes intervenant arme au poing dans une guérilla urbaine. Au bout d’une demi-douzaine de lignes, j’étais incapable de vous dire si l’ensemble était cohérent. Puis nous avons le droit à une pelletée d’absurdités assez classiques. La plus grosse étant sans doute que l’humanité s’est installée sur Encelade pour y puiser de l’eau. Et en faire quoi de cette eau ? Ben, la ramener sur Terre, bien sûr ! Deuxième nouvelle de ce volume où on trouve cette co****. Ok, il n’y a plus d’eau douce sur Terre depuis qu’on a aussi prélevé l’eau de l’Antarctique, alors faut bien en trouver ailleurs. Mais l’eau qui n’est plus propre, on en fait quoi ? Hein ? On la renvoie dans l’espace ? Je rappelle... non, je pense que je vais plutôt leur apprendre. L’eau douce que vous rejetez à l’égout finit, à un moment ou à un autre, à la mer. Donc si nous apportons de l’eau nouvelle de l’espace, le niveau des mers va monter. Croyez-vous donc nécessaire que l’exploitation de l’eau douce d’Encelade pour irriguer notre bonne vieille Terre nécessite l’installation de plusieurs millions de personnes sur place (Si si, c’est ce que décrit ici notre écrivain en herbe) ? Pour mémoire la disparition des glaces de l’Antarctique provoquerait une hausse du niveau de la mer de plus de 60m [3]. Donc l’écroulement de notre civilisation où les plus grandes métropoles sont souvent à des altitudes plus basses que cela. Cette situation mènerait sans doute à l’arrêt de l’importation d’eau d’une autre planète. Ça, c’est juste un « point de détail » qui m’a horripilé. La plus grosse absurdité étant très certainement le coup de la faille dans le dôme de la ville qui laisse s’échapper l’air par millions de m3 sans que personne ne l’ai repérée ; trou assez grand pour laisser passer une navette capable de transporter au moins deux personnes. Et tout le scénario est à l’avenant. J’en suis même arrivé à la conclusion que cette nouvelle était là pour vous convaincre, ami lecteur, que toutes les autres étaient, sans exception, d’une haute valeur littéraire.

Rendez-vous avec Stella est une petite perle qui par certains côtés m’a fait pensé à certaines pages de Au tréfond du ciel de Vernor Vinge ou de Kirinyaga de Mike Resnick (1942 — 2020). Gulzar Joby, l’auteur, a d’ailleurs la bonne idée de nous promettre d’en faire un roman. Un vrai plaisir. Voilà un écrivain qui mérite d’être lu.

La nouvelle de Vyl Vortex, La Frontière, est bonne et plutôt agréable à lire, même si la conclusion n’est pas à ma convenance. En effet, je trouve des plus illogiques la réaction du héros qui, découvrant que sa tâche n’est plus d’actualité et va à l’encontre de son objectif initial, fait le choix de la reprendre sans rien y changer.

J’ai eu l’occasion de découvrir Jean-Paul Raymond dans l’anthologie Vampire malgré lui. J’avais alors trouvé sa nouvelle Chapitre premier pleine d’originalité, mais son style était loin de me plaire. Même constat avec Les entrailles de Charon. L’idée est bonne malgré quelques coquilles comme une distance de Charon à la Terre divisée par 1000. Mais le style de l’auteur ne me convient vraiment pas. Exemple : La capsule de secours arrivait de l’espace. Elle franchissait la nuit. Elle venait de l’Ailleurs. Elle était cabossée, avec certaines de ses antennes, avec certains de ses panneaux solidement endommagés Et encore ! Je ne suis pas certain que ce soit le pire. Donc, non. Je ne retenterai pas l’expérience. Je ne lirai plus d’autres textes de cet écrivain.

Pour finir cette anthologie, Benedict Taffin nous régale d’une petite caricature d’émission de télé-réalité : Non, mais allô quoi... Un scientifique s’y voit contraint de signer un contrat avec une chaîne de TV pour pouvoir organiser une expédition vers la Comète de Halley. La bimbo qui l’accompagne l’horripile au plus haut point. Le lecteur en est tenté de croire que ça va très mal se finir. Et pourtant... À lire.

En bref : Comme dans toutes les antho. que j’ai pu lire, il y a du très bon et du nettement moins bon ; il y a les histoires que j’ai aimées et celles qui ne m’ont pas plu. C’est donc un bon moyen de lister les auteurs que l’on veut suivre et ceux que l’on veut éviter.

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Une autre chronique de ce recueil


[2Je sais l’orthographe moderne de ce mot est clé, mais puisque dans cette antho, c’est l’ancienne orthographe du pluriel de scénario qui est utilisée...

[3pour plus d’info. sur ce sujet : Conséquences de la fonte des glaces Faites le point de toutes les grandes agglomérations qui se trouvent en dessous de ces 60 m d’altitude et vous comprendrez l’absurdité de cette situation.

Messages

  • Bonjour,

    Je suis un peu triste que ma nouvelle n’ait pas provoqué plus qu’une gêne indéfinissable. Je serai ravi d’en parler avec vous si vous le souhaitez, ayant sérieusement envie (et besoin) d’apprendre.

    Cordialement

    • Bonjour,

      Votre question m’a forcé à relire cette nouvelle pour mieux cerner la source de cette gêne.

      En fait, je pense que ce texte est plus le noyau d’un ouvrage plus long qu’une simple nouvelle. En quelques pages, vous résumez la vie du héros, très différente de la nôtre sur Terre. Cette vie est peut-être agréable, mais il ne s’y passe rien sauf le décès accidentel de la mère du narrateur qui le conduit à « revenir » sur notre planète.

      Personnellement, j’aurais placé le début de cette nouvelle (jusqu’à « Je crève d’être sur Terre, et je ne peux pourtant retourner dans l’espace. Étranger ici, banni de là-haut, je suis si seul. ») à la fin. Peut-être pas tel quel, mais, pour moi sa place est en conclusion.

  • Bonjour, merci pour le gentil avis, c’est toujours encourageant ! D’autres nouvelles extraites de 36, quai du Futur chez Rivière Blanche bientôt et effectivement, « Rendez-vous avec Stella » fera partie d’un futur roman... Mais j’en ai quelques uns à écrire au préalable puisqu’ils suivent un ordre chronologique. Merci d’avoir acheté et lu le recueil de nouvelles. Gulzar

  • Bonsoir Gloubik,

    Je tenais à vous remercier personnellement de votre élogieuse critique me concernant (me comparer aux plus grands auteurs humoristiques SF, vraiment, c’est trop d’honneur !), ainsi que pour avoir mis en évidence cette effectivement fastidieuse « alternance 134/130 », que je ne manquerai pas de rectifier dans l’optique d’une éventuelle nouvelle édition.
    Toutefois, vous mentionnez également la présence de coquilles dans mon texte. Auriez-vous l’obligeance de me les indiquer, je vous prie ? En échange, je me permets d’énumérer ici les 44 que j’ai pu relever dans le vôtre.
    En vous remerciant encore une fois et avec toute mon amitié,
    Bruno Pochesci

    Becker :
    « boîte » (avec accent circonflexe)
    « et je ne préfère ne rien dire » (enlever le premier « ne »)

    Guichen :
    « style abouti » (et non « about »)
    « ce qui en soi » (et non « soit »)

    Henninger :
    « Et encore celle-là A un avantage » (mot manquant)
    « trois ou quatre pages POUR amener » (mot manquant)
    « venons-en » (avec trait d’union)
    « je n’en dirai pas grand-chose »
    (« dirai » au futur et trait d’union oublié)
    « quoi que ce soit » (et non « quoique »)
    « paraît » (avec accent circonflexe)
    « vieille DE d’un demi-siècle ») (« de » de trop)

    Pontier :
    « ces trois-là » (avec trait d’union)
    « le texte de l’anthologiste est le premier » (et non « la première »)

    Dasnoy :
    « n’échappe PAS » (mot oublié)
    « d’infoS » (au pluriel)

    Ligner :
    « je le voyaiS » (et non voyait)
    « imagINE un futur » (et non image)

    Oreggia :
    « je ne me suis PAS limité » (mot manquant)

    Flaux :
    « qui font la liaison » (au singulier)

    Cassilis :
    « Jusque-là » (avec trait d’union)
    « j’avais chroniqué » (et non chroniquer)

    Quero :
    « auraient suffi » (sans T)

    Lamur :
    « en particulier » (et non « entre »)
    « facilités tels que les noms » (et non « telles »)

    Subirana :
    « plagiat » (avec un T)
    « Total Recall » (un seul L à Total)

    Pochesci :
    « que Pluton était rétabli » (ou bien « avait été », et non « été »)

    Hodieux :
    « elle est courte » (au féminin)

    Conseil :
    « Stargate » (avec un R)
    « trois-là » (trait d’union)
    « Sal lout » ????
    « Non. Là. Même... » ???
    « Dernier et pas des moindres » (quoi ? Défauts ?)
    « que tout a été fait » (et non « à »)

    Boulanger :
    « ça finit » (avec un T)
    « paraît » (accent circonflexe)

    Burgaud
    « lignes » (au pluriel)
    « va monter » (et non monté)
    « ne l’ait répérée » (et non « ne l’ai répéré »)

    Raymond :
    « je ne retenterai » (sans S)
    « je ne lirai » (sans S)

    Taffin :
    « ça VA très mal se finir » (mot manquant)

    • J’apprécie beaucoup que trois auteurs de cette anthologie (pour l’instant) aient pris la peine de lire ma chronique (au moins pour la partie les concernant).

      Hé oui ! Je repère les coquilles dans les textes des autres mais pas toujours dans les miens. Maintenant que j’en ai la liste, je vais m’empresser de les corriger. ;) Sauf pour boite où l’accent circonflexe n’est plus obligatoire. Bon, là, j’ai beau relire en vitesse Du rififi dans la ceinture de Kuiper, je ne les trouve plus. Ce doit vraiment être l’alternance de 130340 et 134340 qui m’a titillé.

      Merci de votre visite.

    • Si ! J’en ai retrouvé deux ! Quoi que, la deuxième peut ne pas être considérée comme une coquille.

      Page 247, fin de la section 8 : l’extrême l’indulgence (L’ en trop)
      Page 248, fin de la section 9 : j’ai gardé pour la fin le meilleur (pour ma part, j’aurais plutôt écrit « j’ai gardé le meilleur pour la fin »)

  • Bonjour Gloubik,

    Merci beaucoup pour votre réponse, et surtout pour avoir enfin déniché cette foutue coquille ! J’enrage et m’en amuse beaucoup en même temps. Cette façon que l’on a de finir par loucher sur son propre texte, à force de le relire, a quelque chose de grotesque et fascinant à la fois... ^^

    Bonne journée à vous !
    Amitiés,
    Bruno

  • Bonjour et merci pour cette analyse globale, en même temps que détaillée.

    En ce qui concerne mon texte, « Le compagnon de Ganymède », comme j’ai tendance à préférer les verres à moitié plein qu’à moitié vide (ou aux 3/4 plein, plutôt qu’un peu vidé ?), j’aurais aimé avoir un avis ou sentiment plus global, notamment sur ce qu’il y a éventuellement de « bon », après la mention des « deux ou trois petites choses » qui vous ont gêné.

    En ce qui concerne ces dernières, je me permettrai trois petites remarques :

    Le personnage principal n’est pas vraiment un « homosexuel refoulé », mais plutôt un jeune homme qui a dû accepter par le passé de devenir le giton d’un oligarque russe pour échapper à la misère. Si on veut être précis, il s’agit donc plutôt de quelqu’un « en souffrance » que d’un « refoulé ».

    Pour le scandium et l’yttrium, certes les puristes (et/ou les chimistes), les classent plutôt dans les « métaux de transition » que dans les « métalloïdes », mais la consonance des termes amène parfois à faire des choix lexicaux et à jouer avec les mots face à des classifications qui ne sont pas elles mêmes dénuées d’aléatoire, comme entre « planète » et « planétoïde » ou entre « bizarre » et « bizarroïde ». Puissent les chimistes me pardonner cette liberté.

    Quant à l’invocation de Gaïa issue de la mythologie grecque face à un Jupiter du panthéon latin, des raisons mythiques comme de conventions astronomiques m’ont amené à les opposer. De fait « Gaïa » n’a pas vraiment d’équivalent latin (l’assimilation à « Tellus » ou « Terra » reste ambigüe) et je pouvais difficilement appeler la géante gazeuse de notre système « Zeus ». Le lecteur, que j’ai toujours tendance à considérer comme intelligent, saura j’en suis sûr faire le rapprochement et ne pas s’en offusquer, en devinant que ce ne sont que des noms appliqués par de pauvres humains à des divinités qui nous dépassent...

    Bien cordialement
    Yann Quero

    • En fait, tout est bon dans votre nouvelle (là, j’exagère peut-être un peu) mis à part les quelques petites choses que j’ai relevées.

      Comme vous l’avez compris, j’ai beaucoup de mal avec les approximations des « synonymes » façon grille de mots croisés. Pour Un métal n’est pas un métalloïde, comme une planète n’est pas un planétoïde. Pour bizarroïde, c’est différent ; puisque c’est un mot du langue familier qui n’a pas de définition propre. En chimie, le groupe des métalloïdes est un sous-ensemble des non-métaux. Donc, ma culture scientifique me fait réagir à cet usage abusif que je comprends parfaitement d’un point de vue littéraire, mais inapproprié ici.

      En bref, continuez sur votre lancée, mais si vous continuez à détourner des mots de leurs sens stricte, ne vous étonnez pas de me voir réagir :-)

  • Bonjour,

    Plutôt content de votre critique aussi courte que ma nouvelle (toutes proportions gardées). Vu votre exigence, c’est déjà très bien !

    Cordialement.

  • Oula, quelle comparaison avantageuse ! Merci du compliment, je suis touché.

    Vous ne me mettez pas du tout la pression dans l’hypothèse où je tenterai de réitérer l’expérience, la, déjà... :)

  • Bonjour,

    Merci d’avoir pris le temps de faire un retour détaillé de chaque texte. Même s’il ne représente que le jugement d’une seule personne et pourrait être contredit par un autre critique, c’est toujours un enseignement pour un auteur.

    Très cordialement,
    David

  • Bonjour et merci pour votre critique complète et détaillée de cette anthologie.

    Tout à ma joie d’avoir été retenu pour cette-dernière, malgré un texte qui comporte - je le reconnais - quelques lacunes, je ne m’attendais pas à une telle douche froide.
    Comme tout auteur qui publie ces premières nouvelles, je me demandais comment allait être reçu mes écrits. Vous y avez répondu avec honnêteté ; je vous remercie pour cela.

    Je me contenterais au moins de penser que ma médiocre nouvelle n’aura pas été totalement inutile puisqu’elle aura permis de mettre en évidence la qualité littéraire des autres textes.

    Cédric Burgaud

    • Bonjour Cédric,

      Si je suis le seul à penser ça, ce n’est pas bien grave (ce qui ne vous empêche pas de tenir compte de mes remarques, bien sûr), mais si tous ceux qui font une critique de votre nouvelle en font de même... là, il faut corriger le tir.

      Positivons un peu : votre style est plutôt bon. Ce qu’il vous faut corriger, ce sont les invraisemblances telles la fissure dans le dôme qui laisse échapper l’air de la cité et assez grande pour permettre le passage d’un engin volant habité. Ça fait torp film américain de mauvaise qualité. C’est mon ôté scientifique qui ressort. Ce n’est pas parce que l’on écrit de la science-Fiction qu’il ne faut pas tenir des règles établies par la SCIENCE.

      Par ailleurs, que cette douche froide ne vous arrête pas dans votre élan créatif. Vous avez un potentiel, ce qui vous manque peut-être c’est un beta-lecteur qui sache relever les défauts que j’ai pu relever pour vous les signaler et vous permettre de les corriger avant de les soumettre à la critique du lecteur final.

      Bonne continuation.

  • Bonjour Denis,

    Dans science-fiction, il y a effectivement « science » et je l’avais oublié. Merci de me l’avoir rappelé.
    J’avais rajouté le coup de la fissure pour expliquer la façon dont les personnages avaient quitté le dôme, sans réfléchir réellement à l’ânerie que cela était (dans le premier jet, il n’y avait pas d’explication). Je me dis maintenant qu’avec toute l’organisation des « Enfants de Gaia », une explication plus simple et logique aurait suffit.
    Quant à cette histoire d’eau... je m’en tape encore la tête contre les murs pour ne pas avoir poussé le raisonnement jusqu’au bout.

    Comme je l’ai écrit plus haut, je vous remercie pour cette critique. Prendre parfois une bonne claque alors qu’on garde la tête dans le guidon permet de remettre les idées en place et de s’arrêter plutôt que de continuer à pédaler dans le vide.

    Cédric Burgaud

    • Heureux de vous avoir été utile.

      Je me demande si le malaise de la SF n’est pas du justement à un oubli trop fréquent de ce mot science (et indirectement technique). Dans notre société où les applications scientifiques et techniques sont omniprésentes, il devient dangereux de passer à la trappe les notions fondamentales de physique, chimie, biologie, etc.

      Bonne continuation.