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Rider Haggard : She

samedi 12 décembre 2020, par Denis Blaizot

En 1920 1920 , l’Excelsior publie en 36 épisodes ce désormais célèbre roman de Rider Haggard. Après l’épisode 1, daté du 15 février 1920 1920 , est publié un petit article sur une polémique qui enflait sur un potentiel plagiat de Pierre benoît. En effet, celui-ci venait de publier son roman : L’Atlantide. Avec cet article le journal tente de faire taire les critiques contre l’Académie française.

Rider Haggard : She 1

L’ACADÉMIE ET « L’ATLANTIDE »

C’est avec impatience qu’on attendait au Palais-Mazarin la publication de She — qu’Excelsior offre aujourd’hui à ses lecteurs.

L’Académie française, on le sait, n’a guère parlé, jeudi dernier, que de l’Atlandide ; elle en reparlera certainement jeudi prochain.

Prendra-t-elle le rôle d’arbitre ?....

— Il n’y a aucune raison raisonnable, nous disait, hier, sous la Coupole, un académicien, pour que l’Académie française s’occupe d’une accusation d’imitation portée contre un de ses lauréats. Et, à ce propos, il serait bon qu’on sût, une fois pour toutes, quel est le sens d’un prix décerné par l’Académie : cette distinction ne signifie en aucune façon que l’Académie adopte un ouvrage, qu’elle le fait sien et en recommande toutes les idées ou tous les procédés ; en dispersant la pluie de ses récompenses, elle veut seulement dire qu’elle a remarqué du talent, qu’elle a voulu à la fois le signaler et l’encourager, et c’est tout.

 » Dans l’espèce, l’Académie n’est aucunement chargée de défendre M. Pierre Benoît. Le prix important qu’elle lui a donné lui confère do l’autorité : c’est à lui de s’en servir. Quant à l’Académie, elle risquerait de se compromettre en défendant son choix. Aucune accusation n’est plus facile à porter que celle de plagiat ; aucune n’est peut-être plus difficile à réfuter. Nos plus grands écrivains n’ont pas été à l’abri de semblables attaques...

 » Notons, en passant, et sans aucune allusion à personne, que les écrivains qui n’ont pas obtenu le succès sont comme les inventeurs incompris, assez portés a croire et même à dire qu’ils ont été dépouillés par d’autres, plus heureux. Ils cherchent, quelquefois, à attirer sur eux par leur plainte, une attention qu’ils n’ont pas réussi à captiver autrement.

 » Si l’Académie acceptait de se constituer arbitre dans des cas semblables, elle créerait des précédents redoutables. N’importe qui, ayant écrit n’importe quoi, pourrait accuser n’importe quel lauréat de l’avoir pillé, et forcer l’Académie à se constituer juge du débat. Quel moyen de réclame !... Deux auteurs n’en viendraient-ils pas à s’entendre quelque jour pour instituer une contestation profitable à chacun d’eux ?... Et c’est l’Académie qui ferait leurs affaires — à son détriment !

 » On a parlé de l’examen du Cid par l’Académie. D’abord, les conséquences, plutôt fâcheuses de ce précédent lointain devraient détourner l’Académie de recommencer. Ensuite, il n’y a aucun rapport entre l’examen du Cid et l’examen de la plainte de M. Rider Haggard. Le premier était un travail littéraire ayant la littérature pour objet ; la seconde relèverait plutôt, si jamais les faits étaient prouvés, ce qui ne semble pas vraisemblable, d ’un tribunal ordinaire.

 » Un pareil tribunal dispose de sanctions matérielles, l’Académie française ne dispose que de sanctions morales. Encore, pour de pareilles sanctions, faut-il donner des garanties de complète impartialité. Or, dans un débat intéressant un de ses lauréats, l’Académie serait juge et partie.

 » Conclusion : c’est Excelsior qui a raison, en portant l’affaire devant le public. À celui-ci de juger. »

Mon avis : Je connais ce roman de longue date, comme beaucoup d’amateur de littérature de l’imaginaire, mais c’est par le plus grand des hasards que j’ai découvert sa première édition française et les circonstances de celle-ci.

En 1919 1919 , Pierre Benoit publie son désormais célèbre roman L’Atlantide, traduit et édité à Londres dès l’année suivante. C’est cet publication qui amène Henry Rider Haggard à signaler un potentiel plagiat. Scandale ! La polémique enfle. Mais Pierre Benoit a vite fait de désamorcer la bombe. En effet. She, le roman de H. Ridder Haggard, bien que publié 34 ans plutôt, n’a jamais fait l’objet d’une traduction en français et Pierre Benoit ne savait pas lire l’anglais. Il reconnait toutefois s’être inspiré pour certaines scènes d’un autre roman de Rider Haggard.

Après cette petite mise au point, qui explique la publication en 1920 1920 , d’abord en feuilleton puis en volume de ce court roman : mon opinion.

Déjà, ce roman, écrit en 1886 1886 , est marqué par la connaissance de l’Afrique et des Africains par les Européens à la fin du XIXe siècle. On y retrouve d’ailleurs une description de ces régions encore inconnues à l’époque proche de celles d’ouvrages tels que W. C. Baldwin Récits de chasse, du Natal au Zambèze, les récits de voyage d’Edouard Foà ou Richard-Francis Burton... sans parler des explorations de Stanley ou Livingstone. C’est le côté plaisant du récit... même si les Africains n’y sont pas montrés sous leur meilleur jour. Pour le reste ? Une civilisation ancienne dont il ne reste presque rien, une romance qui traverse les siècles (Tiens ! tout à coup, ça refait penser au roman de René Barjavel : La Nuit des temps.).

En bref : Un bon roman d’aventure qui se lit encore très bien malgré ses presque 150 ans. Je vais sans doute tenter ma chance avec d’autres œuvres de cet écrivain mais pas tout de suite. J’ai d’autres projets.



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