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Robert Sheckley : Pèlerinage à la Terre
dimanche 3 novembre 2013, par
Titre français : Pèlerinage à la Terre
Titre original : Pilgrimage to Earth (1957 1957 )
Éditeur : Denoël (Présence du Futur Présence du Futur Collection de poche des éditions Denoël n°43)
Année de parution : 1960 1960
253 pages
Traduit par : Jean-Michel Deramat
Quatrième de couverture :
Après tout, pourquoi les robots n’auraient-ils pas le cœur tendre ? Pourquoi les fiancées envoyées par caisse frigorifique ne pourraient-elles pas être adorables ?
Ces questions et beaucoup d’autres, Robert Sheckley se les pose au long de ces quinze nouvelles d’une étourdissante invention. Il y répond toujours avec humour, même lorsqu’il ne cache pas son inquiétude.
Ce recueil contient :
- Pèlerinage à la Terre
- Tout ce que nous sommes
- Piège
- Le Corps
- Modèle expérimental
- Service de débarras
- Le Fardeau des humains
- Peur dans la nuit
- Protection
- La Terre, l’air, l’eau et le feu
- Le Clandestin
- L’Académie
- Une tournée de laitier…
- La Révolte du bateau de sauvetage
- Les Grands remèdes
Mon avis : Les œuvres de Robert Sheckley sont toujours empreintes d’humour. Parfois noir, parfois léger, ou encore légèrement cynique. Il est au rendez-vous de chaque nouvelle et vous ne serez pas déçu.
Imaginez Las Vegas étendue à l’ensemble de la Terre, mais avec des règles encore plus souple. Amour sur commande, stands de tir avec cibles humaines vivantes, etc. C’est ce que découvre un colon d’une planète agricole en venant chercher l’amour sur Terre, car dans l’imaginaire collectif d’outre-espace il n’y que sur Terre qu’on peut Le trouver. Ce Pèlerinage à la Terre est une déception pour notre héros, mais pas du tout pour le lecteur.
Tout ce que nous sommes nous présente un Premier contact avec une autre civilisation. Tout ne se passe pas pour le mieux : odeur, bruit, etc. rien ne va, sauf peut-être... la pointe d’humour final de l’auteur.
Dans Piège, Service de débarras et Peur dans la nuit, j’ai retrouvé avec plaisir l’humour noir et décalé des histoires courtes de Fredric Brown. Cette dernière, en particulier aurait sa place dans la série des Cauchemars de ce dernier.
Avec Le Corps, Sheckley explore les conséquences, prévisibles ou non, du transfert de l’esprit d’une personne (en l’occurrence, un grand mathématicien) dans un autre corps (ici, un chien) pour lui permettre de continuer son travail. Tout n’est pas toujours pour le mieux dans le meilleur des monde.
Modèle expérimental est une armure de protection développée pour permettre les premiers contacts en toute sécurité. L’auteur ne pouvait bien sûr qu’imaginer le cas que les concepteurs de l’engin n’avaient pas prévu et en tirer une histoire pleine d’humour.
Le Fardeau des humains aborde, avec humour bien sûr, un problème que chacun d’entre nous peut vivre : l’association qui peut être faite entre son aspect extérieur et ses vrais centres d’intérêt et motivations. On n’imagine mal un gros balèze avec une carrure de docker faire de la broderie au crochet. Eh bien, ici, il s’agit d’une jeune femme très belle qui veut devenir... non je ne vous le dirai pas
Protection n’est pas une autre histoire d’armure. La protection est celle qu’apporte une créature qui vous prévient des risques d’accident mais oublie de vous prévenir des risques encourus à accepter ses informations. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la chute qui est vraiment excellente et bourrée d’humour.
La Terre, l’air, l’eau et le feu est encore une histoire de protection inadaptée. Nous noterons ici une vision complètement faussée du climat de Vénus. Erreur bien compréhensible vu la date d’écriture de cette nouvelle. Les astronomes n’avaient pas déjà la certitude que nous avons sur l’état atmosphérique de cette planète. Il faudrait réécrire ce texte pour le faire se dérouler sur une autre planète pour coller à la vérité scientifique. Hormis ce défaut, c’est la nouvelle qui m’a le moins plus du recueil.
Le Clandestin est à rapprocher du roman d’Alfred Bester, Terminus les étoiles où l’humanité se découvre des pouvoirs, jusque là inconnus, par l’intermédiaire d’un seul individu auquel personne ne veut donner la parole. Intéressante et pleine d’humour.
L’Académie ne m’a pas plu. Trop lente, mais aussi un tantinet pessimiste. Bref, pas vraiment dans le ton du reste du recueil. Elle reprend un élément présent dans plusieurs autres nouvelles : l’individu face au bien de la société.
Une tournée de laitier… nous conte les déboires d’un transporteur spatial. Cette histoire est plaisante mais ne casse pas trois pattes à un canard.
On reprend les mêmes personnages principaux, et on les met aux prises, cette fois-ci avec un canot de sauvetage d’un genre très particulier. Vous devrez lire La Révolte du bateau de sauvetage pour en savoir plus. Pour ma part, je ne lui trouve pas plus d’intérêt qu’à la précédente.
Avec Les Grands remèdes, Robert Sheckley pose une question intéressante : que ce passerait-il si on tentait de traiter un individu (terrien) pour une psychose qu’il ne peut pas avoir (E.T.) ? Instructif avec, bien sûr, toujours la petite touche d’humour qui est sa signature.
En bref : un bon moment de lecture qui me donne vraiment envie de retrouver d’autres sheckley à lire ou relire.