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William Hope hodgson : Les acrostiches Dumpley
mardi 13 décembre 2022, par
Titre : Les acrostiches Dumpley
Titre original : The Dumpley Acrostics
Première édition : 1914 1914
Traducteur : Denis Blaizot
Première édition française : 2022 2022
Et j’ai fini par mettre la main sur le texte de cette courte nouvelle possiblement publiée en 1914 1914 dans un recueil : Cargunka and Poems and Anecdotes (Harold and Paget, New York, 1914 1914 ), mais qui ne réapparaît qu’avec le volume The Dream of X and Other Fantastic Visions en 2009 2009 (Night Shade Books).
Alors ? Brouillon rédigé par Hodgson et retrouvé dans ses archives ? Courte nouvelle réellement publiée du vivant de l’auteur ? — Mais dans ce cas, quand et dans quelle revue ? Je n’ai pas encore trouvé l’information. — À moins qu’il ne s’agissent d’un abrégé rédigé pour un dépôt de copyright aux États-Unis ? ou un texte apocryphe à classer dans le même dossier que R.M.S. « Empress of Australia » ?
Bonne question. Je vais continuer à chercher.
Oui, j’ai déjà fait pas mal d’intelligents travaux de détective. J’ai éclairci l’affaire de ce précieux livre, « Les acrostiches Dumpley ». il n’en existait qu’un seul exemplaire, de sorte que MM. Malbrey et Jones, éditeurs du « Bibliophile et la table de lecture », ont été étonnés et sceptiques lorsqu’un certain M. Ralph Ludwig est entré dans leur bureau avec un deuxième exemplaire — une « découverte ». Eux, le professeur Wagflen, le grand bibliophile, et M. Neuls, bibliothécaire en chef du musée Caylen (où reposait le supposé « seul et unique » exemplaire des « Acrostiches Dumpley ») ont tous examiné la « découverte » de Ralph Ludwig — et l’ont déclarée sans équivoque véritable. Malbrey et Jones, cependant, ont senti un loup et m’ont mis au travail, et c’est ce que j’ai fait et leur ai dit dans leur bureau, après avoir réuni tous les personnages là-bas pour entendre mon histoire :
« Messieurs, commençai-je, je suis d’abord allé au musée Caylen et j’ai posé des questions. J’ai découvert que les « éditions rares », comme le Dumpley, ne sont jamais prêtées. Un examen des signatures dans les registres a montré que le livre n’avait été consulté que trois fois, par trois personnes distinctes, Charles, Nolles et Waterfield, au cours des deux dernières années, et toujours en présence d’un bibliothécaire. L’examen d’expert a cependant montré que les trois signatures étaient de la même écriture et qu’elles étaient identiques à un spécimen que j’avais de l’écriture de M. Ralph Ludwig. La prochaine étape est ma déduction, et est indiquée par le raisonnement qu’il était probable que M. Ludwig avait réalisé un faux. Je ne peux que supposer que M. Ludwig soit, d’une manière ou d’une autre, entré en possession d’une copie factice des Acrostiches. Ce livre factice aux pages vierges aurait été fabriqué par l’imprimeur et le relieur, afin de permettre à Lord Wellbeck, qui a publié le livre, de voir comment les « Acrostiches » pouvaient être reliés. La méthode est courante dans le commerce de l’édition ; et bien que la reliure d’un livre puisse être une copie exacte de ce que sera la reliure finie, l’intérieur n’est pourtant rien d’autre que du papier vierge de la même épaisseur et de la même qualité que celui sur lequel le livre fini sera imprimé. De cette façon, un éditeur est en mesure de voir à l’avance à quoi ressemblera le livre.
« Je suis tout à fait convaincu d’avoir décrit la première étape de l’ingénieux petit complot de M. Ludwig ; car il n’a fait que trois visites au Musée ; et comme vous le verrez dans une minute, s’il n’avait pas déjà possédé un spécimen relié des « Acrostiches », lors de sa première visite, il n’aurait pas pu exécuter la chose en mois de quatre visites. De plus, à moins que je ne me trompe dans ma psychologie de l’incident, c’est en devenant propriétaire de cette copie factice particulière que M. Ludwig a construit son plan.
« Eh bien, le reste est simple. Il se rendit une première fois au Musée, et après avoir paru étudier l’exemplaire du Musée, il le remplaça adroitement par le spécimen qu’il avait apporté, caché sur lui. Le bibliothécaire a pris le spécimen (qui était extérieurement identique à la copie imprimée) à la place de l’article authentique que M. Ludwig avait caché quelque part sur lui. C’était, bien entendu, le grand risque de sa petite combine : que quelqu’un demanda à voir les « Acrostiches » avant qu’il n’ait pu le remplacer à nouveau par l’original ; car c’est ce qu’il avait l’intention de faire, et ce qu’il fit, après avoir photographié chaque page. Ça a dû être beaucoup de travail, M. Ludwig !
« Cela explique sa deuxième visite, après laquelle il a imprimé la copie factice récupérée, sur une presse à main, avec les blocs photographiques qu’il avait préparés. Et après avoir fait cela, il retourna au Musée, et une fois de plus échangea les copies, emportant maintenant pour « conserve » la copie du Musée, et laissant à sa place la « copie ».
« Chaque fois, comme vous le savez, il a utilisé un nouveau nom et une nouvelle écriture, et probablement des déguisements quelconques ; car il ne souhaitait en aucun cas être lié à la copie du Musée. De plus, si le spécimen vierge avait été découvert entre la première et la deuxième visite, à moins qu’il ne soit déguisé, il aurait très certainement été arrêté lors de sa deuxième visite.
« Maintenant, regardons les leçons que nous pouvons tiré de son petit complot. Il s’est rendu compte que, s’il volait franchement le livre, il ne pourrait jamais le vendre sur le marché libre. Il devrait le vendre secrètement à un collectionneur peu scrupuleux, qui bien sûr (sachant qu’il a été volé) ne lui donnerait presque rien en échange ; et pourrait bien le livrer à la police. Bien que nous parlons de collectionneurs, je ne pense pas qu’il craignait grand-chose de ce côté-là.
« Mais s’il pouvait s’arranger pour que le Musée ait encore son exemplaire, il pourrait vendre le sien sans crainte sur le marché libre au plus offrant. Mais, et voici la leçon que certains d’entre vous devraient avoir à cœur de retenir, M. Ludwig s’est rendu compte que sa copie des « Acrostiches » serait impitoyablement contestée et examinée. Et c’est pourquoi il a fait son troisième échange, et a laissé une fois de plus son spécimen (maintenant imprimé comme vous le savez) et a emporté avec lui l’original. Il savait que l’exemplaire du Musée ne serait pas examiné avec suspicion. Donc le sien doit être le livre authentique. Si les trois experts célèbres avaient accordé la même attention méfiante à la fausse copie du Muséum qu’ils croyaient être l’original, cette petite, dirai-je comédie, aurait été étouffée dans l’œuf ! Au fait, les comédies ont-elles des rejetons ? En résumé, le plan d’action de M. Ludwig a été : A. Première visite au Musée pour obtenir le livre, en le remplaçant par sa propre copie « factice » aux pages blanches. B. Deuxième visite, pour rendre le livre et reprendre son « spécimen ». C. Troisième visite, pour échanger son « spécimen » désormais imprimé contre l’exemplaire authentique du Musée. Est-ce clair pour vous tous ? J’ai besoin d’en dire un peu plus. Monsieur Neuls, vous tenez entre vos mains ce qui n’appartient pas à votre bibliothèque. La copie qui appartient à votre institution est dans le coffre-fort de MM. Malbrey et Jones, là-bas.