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La Tache de Caïn, par L. Notté de Vaupleux

samedi 14 mai 2016, par Denis Blaizot

Ludwik Mierosławski (1814 - 1878)

Né(e) à : Nemours , le 17/01/1814
Mort(e) à : Paris , le 22/11/1878
Biographie : Ludwik Mierosławski était un révolutionnaire polonais, ayant participé à de nombreuses révoltes dans son pays, mais aussi en Italie, ainsi que dans le Grand-duché de Bade dont il conduit l’armée révolutionnaire en juin 1849 1849 , lors de la révolution de mars 1848 1848 en Allemagne.
Lors de la publication de La Tache de Caïn, réédité sous le titre Boleslas (du nom du héros), il utilise comme pseudonyme le nom de famille de sa mère : Notté de Vaupleux.

Résumé : Fils naturel d’un noble russe, Boleslas est entraîné dès son âge de 17 ans dans une révolution polonaise contre l’occupant russe. De rencontre en bataille, il rejoint la France où il découvre l’identité de son père. Il devient alors l’instrument d’un complot contre le Tsar.

Mon avis : Ce roman sur la situation de la Pologne au milieu du XIXe siècle est très certainement basé sur des éléments autobiographiques. Il pourrait d’ailleurs être classé « roman historique » s’il n’y avait quelques beaux passages nettement fantastiques. Ce fut un plaisir de le lire et de le préparer pour vous le proposer aux formats PDF et EPUB et au format papier sur lulu.com

Extraits :

  1. D’un tourbillon de fumée, sortit une tache noire à laquelle une bouffée de vent fit pousser de petites jambes et de petits bras pareils aux premiers cotylédons d’une bulbe. Au lieu de tête elle semblait porter une torche, avec laquelle elle badigeonnait en écarlate toutes les parties encore ternes du château. Boleslas arrondit sa main en tube, et à l’aide de cet imparfait télescope, crut remarquer une étoffe rouge flotter sur la tache, qui, dans ses mouvements saccadés, capricieux, se mit à valser autour des langues de feu comme un papillon autour des quinquets d’un lustre.
    Tout-à-coup un sifflement prolongé domina tous les bruits. Un pan de muraille, s’écartant comme une toile de spectacle, découvrit un long trapèze ardent où se débattaient des membrures d’échafaudages des zigzags mobiles, des figures hideuses des caractères cabalistiques, tout un monde de choses sans nom. L’éther un instant caché sous une ombre ailée, s’enlumina de nouveau, puis de ruse devint couleur de brique, puis pourpre. Une croix incommensurable s’élança dans quatre fusées vers la voûte céleste et s’y suspendit comme un labarum diabolique. La Lune et les étoiles, noyées comme des brillants dans une mer de sang, eurent honte et disparurent.
    Aux flancs encore intacts de ce vaste bûcher, s’accrochaient parfois des échelles rampant, se dressant, se joliant comme des mille-pattes qui flairent un passage ; mais à peine s’étaient-elles cabrées contre quelque colonne épargnée, qu’une écharpe de feu les enlaçait dans sa trompe les secouait comme un épi, puis les couchait par terre.
  2. Minuit sonna à la pendule, et les trente-deux horloges du château répétèrent les douze râles mélancoliques ; Boleslas tressaillit. La flamme des bougies allongée et flottante comme des drapeaux sanglants, semblait flairer la porte avec inquiétude. Une ombre chevelue se mit à valser sur les papiers ; tous les livres remuèrent dans les rayons, et les faces blêmes et creuses de leurs auteurs apparurent à la place des titres sur le dos de chaque volume. Voltaire desséché et aplati en bande de parchemin courait comme un long lézard tout autour de ses trente-six in-quarto sans pouvoir trouver d’issue ; sa bave enlevait les dorures, crispait le cuir des reliures et tombait en gouttes d’acide brûlant sur les rayons inférieurs où s’alignaient Burger, Byron et Mickiewicz ; les stryges, les corsaires et les fous d’amour, comme échaudés dans leurs tombes s’échappèrent en sautillant la danse Macabre ; les chauve-souris les corbeaux et les chouettes de la Fête des Morts, de Mickiewicz, s’envolèrent vers le plafond qui, entr’ouvert par une large lézarde, se mit à rire en montrant son palais bleu parsemé d’étoiles.

Bonne lecture

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