Accueil > Science-fiction, Fantasy, Fantastique > Jean de La Hire : Planète sans feu

Jean de La Hire : Planète sans feu

vendredi 1er juillet 2022, par Denis Blaizot

Auteur : Jean de La Hire

Titre français : Planète sans feu
Éditeur : JAEGER - D’HAUTEVILLE (coll. Fantastic n° 6 )

256 pages

Parution : avril 1953 1953

D’après les informations fournies par Rétrofictions, il semble que Planète sans feu soit une version remaniée et abrégée du roman Le Roi de la Nuit publié en feuilleton dans Le Matin du 20 février au 13 juillet 1943 1943 . Celui-ci aurait déjà paru dans L’Ami du Peuple en 1923 1923 . Mais cette version de 1923 1923 est comme l’Arlésienne, tout le monde en parle mais personne ne l’a vue. :-)

Premier épisode (Le Matin — 20 février 1943 1943 )

Ce fut deux ou trois minutes après 20h30 que le fait se produisit — fait inouï depuis le commencement du monde et qui devait avoir très vite les conséquences les plus extraordinaires.

Véronique venait de dire à Saint-Clair, d’un ton léger qui n’était pas habituel à cette jeune fille passionnée :
— Mon cher Nyctalope, nous marchons comme si le diable nous talonnait. Voyez ma montre, toujours exacte : il n’est que la demie de vingt heures. Nous ne sommes pas en retard, on ne se met à table que dans trente minutes, et dans moins de quinze nous serons au château, vous le savez bien.
— Très juste mon petit, fit Saint-Clair en souriant. Ralentissons.
Le chemin était d’ailleurs très abrupt : sans la remarque de Véronique, le ralentissement se serait imposé. À cent mètres devant les marcheurs, entre les bois de haute futaie qu’il trouait, il butait soudain contre le ciel flamboyant du Crépuscule.
Ce fut alors qu’à ce sommet de côte l’homme parut. En mince silhouette noire il s’éleva rapidement, fut bientôt visible tout entier, droit sur le dos d’âne du chemin.
— Qui peut-il être ? murmura Véronique, jamais à cette heure personne ne passe ici, sauf nous du château, et Je ne reco... Ah !
Parole coupée, cri jeté parce que l’homme, là-haut, levait brusquement les bras, titubait et s’abattait.
Véronique et Saint-clair devaient se rappeler bientôt qu’à cet instant même ils avaient entendu vibrer, dans le ciel des sonorités fusantes, argentines, limpides.
Ils coururent, se penchèrent à droite et à gauche du corps étendu sur la face. Un chapeau de feutre gris avait roulé à quelques pas. Le veston d’été que l’homme portait plié sur le bras était en partie sous son ventre.
— Oh ! oh ! fit Saint-Clair, qu’est-ce que c’est que ça ?
Les épaules, la nuque, l’occiput du gisant étaient criblés de trous minuscules ; à la surface de la chemise fine le sang s’évasait, au cou et au crâne à cheveux drus coupés ras, le sang se gonflait en gouttes.
— C’est comme une charge de petits plombs tirée à vingt mètres. Mais nous n’avons entendu aucun coup de fusil.
Avec précaution, Saint-Clair retourna presque complètement le haut du corps. La base du cou, le visage étaient aussi criblés de trous sanglants, plus larges que ceux de derrière.
— Trous de sortie des projectiles, dit Saint-Clair. Ce n’est pas du petit plomb de chasse ; il n’aurait pas traversé... Bizarre, vraiment... mais ce qui est sûr, c’est que l’homme est mort. Véronique, le connaissez-vous ?
— Non. Je ne l’ai jamais vu. Ce chemin ne mène qu’au château, ne vient que du château. À moins que cet homme ne soit un promeneur qui, par les sentiers de la forêt, ait fait de grands détours depuis le village de Longpré ?... Mais c’est bien loin...
Véronique se tut, perplexe. La perplexité de Saint-Clair était d’autre sorte.
— Par quoi diable, a-t-il été tué ?... Cela est plus inexplicable encore que sa présence en ce lieu...
Mais brusquement décidé :
— Véronique, vous êtes forte : aidez-moi. Empoignez-le aux chevilles. Je le prends aux aisselles. Portons-le jusque dans le fossé. Puis nous gagnerons vite le château. Et avec ma voiture nous reviendrons...
— Oui.
Saint-Clair dit encore, penché au-dessus des épaules, du cou, du visage, du crâne, ensanglantés :
— Les minuscules projectiles qui l’ont frappé, traversé, ne venaient pas du sous-bois, ni de droite, ni de gauche, mais bien de la ligne droite qu’est le chemin. L’homme se dressait tout au sommet du dos d’âne du chemin qui est encore plus abrupt du côté duquel l’homme tournait le dos que du côté auquel il faisait face. Tirée du chemin par un homme debout la charge des projectiles aurait dû traverser l’homme très diagonalement. Or, c’est selon des plans presque horizontaux que les nappes de projectiles ont traversé ces épaules, ce cou, ce crâne !... Et d’abord quels projectiles, sortis de quelle arme ? Nous n’avons entendu aucun coup de feu...
Mais Véronique, grave :
— Moi, j’ai entendu... C’est vraiment trop étrange, tout cela... Comment dirais-je ?... Dans l’air, pas très loin au-dessus de nous, un son ou plutôt des sons filés, argentins, très brefs... Quelques secondes. Et vous ?
— C’est vrai, dit Saint-Clair, moi aussi j’ai entendu cela... juste à l’instant où j’ai vu l’homme lever les bras, vaciller, tomber.
— Oui.
Comme le Nyctalope se penchait, la jeune fille se pencha.
Ils empoignèrent le cadavre aux chevilles, aux aisselles, le soulevèrent avec aisance — car cet homme qui venait de mourir si énigmatiquement était de taille et de corpulence moyennes et ne devait peser qu’une soixantaine de kilos. Ils le portèrent jusqu’au fossé de droite, l’y déposèrent tout au fond. Depuis deux semaines, pas une goutte de pluie dans la contrée : le fossé était bien-sec. La veste avait été portée avec le corps : Saint-Clair alla ramasser le chapeau et le laissa tomber sur le cadavre. Puis il disposa les hautes herbes des bords du fossé de telle sorte que le corps étendu en fut tout recouvert, caché.
— Allons, rentrons vite maintenant, dit Saint-Clair. Nous reviendrons en voiture avec votre oncle. Ensemble, nous examinerons tout sur place. Nous tâcherons de savoir, de comprendre.
Côte à côte, le Nyctalope et Véronique revinrent au milieu du chemin. D’un tacite accord instinctif, ils s’arrêtèrent à l’endroit même où l’homme était tombé.

Le début du roman est similaire à quelques détails près. Saint-Clair et le Nyctalope deviennent tout simplement Ciserat.

Le roi de la nuit est le volume 14 du cycle : Le Nyctalope. Par contre si Planète sans feu en est une version remaniée où le nom de Nyctalope n’apparaît pas, je considère qu’il ne fait pas partie de cet ensemble.

Mon avis : Jean de La Hire (1878-1956 1956 ) était un écrivain français très prolifique. La base de donnée de la BNF ne recense pas moins de 330 références d’œuvres textuelles à son nom.

Hé bien je dois dire qu’il aurait mieux fait d’en écrire moins mais de les écrire mieux ! J’ai abandonné ce petit roman de 250 pages à la fin du chapitre 4 (page 80). Pourquoi ? Parce que j’étais arrivé à saturation du côté des idioties pseudo-scientifiques et une petite couche de romance est venue se greffer là-dessus.

Un petit aperçu ? Un scientifique français, noble, riche et couvert de gloire, découvre un nouveau métal. Non ! Pas un alliage ! Un métal qui n’est pas dans le tableau périodique. Ce n’est pas dit, mais c’est la seule conclusion logique. Pourquoi je parle de logique à propos de ce roman, moi ? Bref. Et chose extraordinaire, ce métal est attiré par la planète nouvellement découverte Rhéa. Ah Rhéa ! Une merveille d’absurdité astronomique. Cette petite planète — un sixième de la Terre — à une orbite qui l’amène périodique à proximité de notre planète... à une distance inférieure à celle de la Lune. Si si ! :-D Bon, je me suis dis : passons, c’est un roman d’aventure comme j’en ai lu bien d’autres. [1] Mais un vaisseau ressemblant à une brique, assez grand pour accueillir 8 personnes et tout le barda dont elles ont besoin pour un an en autarcie, ça comme à faire. Mais quand le voyage commence... c’est encore pire. Les étoiles apparaissent immobiles à cause de l’énorme vitesse. La planète, qui est encore à plusieurs centaines de milliers de kilomètres grossi de second en seconde. Et la nièce du savant, qui a réussi à le convaincre de la laisser partir, à emporter une centaine de roses fraîchement coupées pour décorer la table du coin repas. Enfin ! quand je dis coin repas... à la façon dont les lieu sont décrits...

Mais j’ai craqué quand j’ai découvert que ces fameuses roses étaient l’occasion pour Ciserat (surnommé le Voyageur dans cette version et le Nyctalope dans la version de 1943 1943 ) de déclarer sa flamme à la belle. Grrrr !

En bref : Il y a quelques temps, j’avais trouvé sur un vide-grenier un exemplaire en pas trop mauvais état d’un autre roman de cet écrivain. J’en avais jusque-là retardé la lecture au vu de l’épaisseur du machin (Le corsaire sous-marin). Mais là, après cette tentative malheureuse, je passe mon tour. Je vais tâcher de la revendre à un prix raisonnable pour plaisir à un amateur du genre.

Retrouvez la fiche du livre et d’autres chroniques sur Livraddict


Retrouvez la fiche du livre et d’autres chroniques sur Babelio

[1Sylvain Déglantine : Les Terriens dans Vénus — vers les mondes stellaires , Henry de Graffigny : Voyage de cinq Américains dans les planètes , Achille Eyraud : Voyage à Vénus , John Munro : Voyage vers Venus , Gustave Le Rouge : Le prisonnier de la plnète Mars , Jules Verne : De la Terre à la Lune. Sans compter les nombreuses nouvelles anciennes faisant référence au voyage interplanètaire.