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Sylvain Déglantine : Les Terriens dans Vénus — vers les mondes stellaires
jeudi 13 mai 2021, par
Auteur : Sylvain Déglantine
Sylvain Déglantine
Sylvain Déglantine, serait le pseudonyme de Sylvain-Eugène Paquier (1872 - 1969 ?)
Titre français : Les Terriens dans Vénus — vers les mondes stellaires
Préfacier : Camille Flammarion
Éditeur : Ernest Flammarion
Année de parution : 1907
1907
Quatrième de couverture :
L’un d’entre eux connait un inventeur qui a mis au point une machine permettant de faire le voyage.
Le colonel de Nerval et M. Désesthrée entraînent dans ce périple l’inventeur, le cuisinier, Mme Désesthrée et son chien.
Si le voyage se passe sans incident, on ne peut pas en dire autant du séjour. Nos explorateurs découvrent deux civilisations — et deux races intelligentes — totalement différentes.
Arriveront-ils à en revenir vivants ? Rien n’est moins sûr, car les omalabrochiens, des géants au très grand appétit sont anthropophages.
D’abord publié en volume en 1907 1907 , il fut publié en feuilleton l’année suivante dans La Nouvelle Revue puis, sous une forme remaniée et illustrée dans La vie Mystérieuse en 1911 1911 -12.
— Mais s’il est ainsi tant de mondes aussi imparfaits et même plus imparfaits que le nôtre, ne trouvez-vous pas la besogne du Fils de Dieu rudement compliquée par les rachats qui lui restent encore à accomplir ? Il est vrai que, pour quelques-uns, sa doctrine est peut-être sujette à caution, voire quelque peu en contradiction avec la science.
— Il ne m’appartient pas de vous donner sur ce point des renseignements qui auraient tout le caractère d’une révélation. Cependant, je vous ferai remarquer que nombreuses sont les hypothèses qui peuvent servir de trait d’union entre le Dogme et les vérités découvertes par la Science, et en particulier pas l’Astronomie. Pourquoi ne pas admettre, par exemple, que le Christianisme est répandu sur tous les mondes, sous des formes en rapport avec la nature de leurs habitants ? |
Mon avis : J’ai découvert cet écrivain par hasard. M’intéressant à un autre auteur du début du XXe siècle quelque peu oublié, j’ai feuilleté la collection — malheureusement incomplète sur Internet — de la revue La vie mystérieuse. Et d’y découvrir un ensemble de romans, contes et nouvelles quasiment tous oubliés... dont celui-ci. Mais voilà, il fallait que les numéros manquant contiennent des épisodes de ce roman. Un peu de recherche et je découvre qu’il a d’abord en feuilleton dans La nouvelle revue puis en volume en 1907 1907 . Une édition antérieure donc de presque 5 ans à la version illustrée et remaniée de La vie mystérieuse.
Mais à part ça ? Que dire de ce roman ? C’est de la SF, c’est certain, puisqu’il est question d’un voyage vers et sur la planète Vénus. Il y a de très bonnes idées gâchées par un manque flagrant d’imagination pour les noms des personnages. Mais ce n’est certainement pas le pire. L’auteur avait sans doute des comptes à régler avec : les femmes, les chiens et les cuisiniers.
L’héroïne est c** comme un manche, le cuistot bête à manger du foin et le chien est un vilain roquet agressif qui n’aime que sa maîtresse. La plus grande part des ennuis de notre groupe de voyageurs est due à la bêtise de madame, secondée par celle du cuisinier dont on ne voit à aucun moment l’intérêt de la présence si ce n’est en faire une victime des méchants vénusiens. Et le chien ? Il est jeté par un sabord pour vérifier si l’atmosphère de Vénus est respirable et il réapparaît à la fin pour aider à retrouver sa maîtresse. Et nous ne saurons pas ce qu’il devient à la fin de l’ouvrage.... Je vais m’arrêter là avant que de mauvaises langues ne m’accusent de dévoiler l’histoire. :-)
Ah ! Un dernier point. La publication dans la nouvelle revue est bourrée de coquilles : Mots mal choisis, fautes d’orthographe, etc. Sans compter les néologisme et autres barbarismes. Et s’en est fatiguant.
Bien sûr, je me suis attaqué à la lecture de la deuxième version. Eh bien ! il faut admettre qu’elle est bien meilleure — selon mes goûts. Le récit commence directement par l’arrivée sur Vénus. Le chien n’est pas présent. Les noms des Vénusiens ont été simplifiés ; disparus les Omalabrochiens, bienvenue les Omalas. Le cuisinier n’est plus affublé de surnoms idiots à la première occasion. Et, cerise sur le gâteau, les personnages et les lieux sont bien mieux décrits.
En bref : Un roman qui n’intéressera probablement que les amateurs de SF ancienne et d’histoire de la littérature. Mais lisez plutôt la version publiée dans La vie mystérieuse... si vous pouvez.
P.S. : Les illustrations qui accompagnent cet article sont celles publiée dans la vie mystérieuse pour illustrer ce roman.
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Préface publiée dans La vie Mystérieuse :
Les Mondes imaginaires, inaugurés il y a dix-sept siècles par le premier voyage à la Lune, dû à la brillante imagination de Lucien de Samosate, et continués dans tous les siècles par des écrivains distingués, représentent un cadre tout préparé pour recevoir les images, les tableaux, les idées que l’évolution perpétuelle de l’humanité inspire aux penseurs, et je vous félicite de ce nouveau voyage céleste qui nous transporte loin de notre terrestre séjour. Ce monde-ci a du bon, ce n’est pas douteux. Les peuples y vivent dans un fraternel accord, s’y gouvernent eux-mêmes en pleine liberté, n’ayant plus rien à redouter de la guerre enfin vaincue. Intelligents, vertueux, désintéressés, les souverains et leurs représentants ne songent qu’à la prospérité publique, s’oublient eux-mêmes pour le salut général. Les dépenses vont en diminuant chaque année, ainsi que les impôts. On ne donne plus de places à la faveur, on ne sacrifie plus à des intérêts électoraux toujours affamés, on soutient les travailleurs dans les sciences, dans l’industrie, dans les arts, sans se préoccuper de leurs opinions. Les décorations et les honneurs ne sont donnés qu’au mérite pur. Les apaches ne peuvent plus assassiner les citoyens en toute sécurité. La société sait se défendre contre ses ennemis. Il n’y a plus d’incohérence, l’harmonie règne avec le parfait bonheur.
Malgré cette perfection de toutes les nations sieurs, certains esprits aiment à voyager dans t’espace, dans l’immensité constellée, dans le rêve infini. Ils n’ont pas tort. Ces romans valent bien ceux des feuilletons habituels des journaux quotidiens. On y oublie un peu notre planète, malgré son charme et ses richesses, on découvre des horizons nouveaux, on s’envole en des régions supérieures où tout diffère de ce séjour sublunaire, et c’est un repos pour l’esprit, une oasis de tranquillité inconnue. On peut y rencontrer des humanités extraterrestres entièrement différentes de la nôtre. Ce sont là d’agréables nouveautés. L’exemple du grec Lucien a été suivi par l’Arioste, par Rabelais, par Képler, par Godwin, par Wilkins, par Borel, par Cyrano de Bergerac, par Kircher, Huygens, Holberg, Voltaire, Swedenborg, Roumier, Gudin, Edgard Poe, Boitard, Egrand, Wells, etc. Il l’est aujourd’hui par vous, mon cher confrère, et il le sera par vos successeurs.
Les astronomes ne peuvent qu’applaudir à ses voyages imaginaires dans le ciel. L’esprit va plus vite et plus loin que la vision télescopique. S’il perd pied quelquefois, c’est parce qu’il a des ailes. Et puis, l’Astronomie elle-même nous a appris que l’inconnu enveloppe le connu de toutes parts, comme l’Océan autour d’une île. Oui, ce que nous voyons, ce que nous savons, c’est une île minuscule ; ce que nous ignorons, c’est l’océan sans bornes.
Camille Flammarion
Et pour ceux qui voudraient le lire mais n’auraient pas la patience de tourner les pages des copies numériques disponibles sur internet, voici les deux versions réunies en un seul pdf de 750 pages A5. :
il sera prochainement disponible en impression à la demande sur lulu.com