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John Scalzi : Les enfermés

samedi 16 juillet 2016, par Denis Blaizot

Les enfermés

Auteur : John Scalzi
Éditions : L’Atalante
Collection : La Dentelle du Cygne
ISBN : 2841727475
Traduction : Mikael Cabon
Sortie : 25 Février 2016 2016

Quatrième de couverture :

Un nouveau virus extrêmement contagieux s’est abattu sur la Terre. Quatre cents millions de morts. Si la plupart des malades, cependant, n’y ont réagi que par des symptômes grippaux dont ils se sont vite remis, un pour cent des victimes ont subi ce qu’il est convenu d’appeler le « syndrome d’Haden » : parfaitement conscients, ils ont perdu tout contrôle de leur organisme ; sans contact avec le monde, prisonniers de leur chair, ils sont devenus des « enfermés ». Vingt-cinq ans plus tard, dans une société reformatée par cette crise décisive, ces enfermés, les « hadens », disposent désormais d’implants cérébraux qui leur permettent de communiquer. Ils peuvent aussi emprunter des androïdes qui accueillent leur conscience, les « cispés », voire se faire temporairement héberger par certains rescapés de la maladie qu’on nomme « intégrateurs »... Haden de son état, Chris Shane est aussi depuis peu agent du FBI. À sa première enquête, sous la houlette de sa coéquipière Leslie Vann, c’est justement sur un intégrateur que se portent les soupçons. S’il était piloté par un haden, retrouver le coupable ne sera pas coton. Et c’est peu dire : derrière une banale affaire de meurtre se profilent des enjeux colossaux, tant financiers que politiques.

Mon avis : Pour commencer, précisons que ce volume est constitué de deux parties :

  1. Les enfermés, le roman proprement dit ;
  2. Libération, une histoire orale du syndrome d’Haden, un ensemble de petits textes, se voulant des extraits d’interview, retraçant toute l’histoire de ce syndrome et comment on en est arrivé à la société décrite dans le roman.

J’ai lu, quelque part dans les méandres de la toile, que l’auteur souhaitait que le lecteur commence par Libération, une histoire orale du syndrome d’Haden pour mieux s’imprégner du contexte. Aucune information ne transparaît dans ce bouquin sur ce point. Mais il est vrai que, puisque ce deuxième texte peut être lu comme un prologue du roman, c’est logique. Pour ma part, j’ai même fini par zapper un certain nombre de passages vu le peu d’intérêt que j’ai trouvé à cette « histoire du syndrome ». Le roman ne gagne rien à ces 77 pages et je pense que leur présence en début de volume aurait rebuter plus d’un lecteur.

Sur le rabat de la quatrième de couverture, l’éditeur à écrit ces mots : Un vibrant plaidoyer pour la dignité des handicapés et l’égalité des sexes. Effectivement. Une bonne partie des personnages principaux sont des handicapés (et pas qu’un peu) et les différences de sexe ne se ressentent que dans l’usage des pronoms masculins et féminins. Mais de là à présenter cette œuvre comme un vibrant plaidoyer... Et que dire de la remarque suivante ? Un tour de force littéraire : John Scalzy imagine, comme dans Deus in machina, un personnage dont lui-même ne connaît pas le sexe. Bon, d’accord, l’auteur réussi à ne jamais utiliser pour ce personnage les pronoms il ou elle. Ni à utiliser des adjectifs qui l’obligerait à donner un genre à son personnage. Alors soyons clairs : que l’auteur écrive tout un roman sans attribuer un genre à son personnage n’est pas vraiment un exploit. Mais réussir à ne jamais laisser transparaître un choix au niveau du choix des mots en est un... sans doute moins remarquable que La disparition de Georges Perec.

Qu’en est-il du roman ? C’est une bonne enquête policière. La situation d’« enfermé » du personnage principal donne à ce roman un petit côté cyberpunk [1] plutôt agréable. L’histoire tient la route, même si j’ai trouvé la mise en place un peu lente et la fin proportionnellement trop rapide. Le côté « fils à papa » du héros (à moins qu’il ne s’agisse d’une héroïne) rend certaines actions un peu trop faciles. J’ai cassé mon « cispé » (robot utilisé par les « enfermés » pour se déplacer dans le monde) ? Pas grave. J’en rachète un. Le bas de gamme ? Non ! Faut pas déconner. Car le héros change 4 fois de moyen de locomotion. Sans compter les emprunts officiels nécessités par son enquête. Par ailleurs, ce sont plus des soupçons que des preuves qui l’amènent à faire tomber le grand méchant de l’histoire.

En bref : Très bon roman. À lire... mais vous pouvez zapper le supplément. ;)

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[1Désolé pour les accro du genre qui pourraient ne pas être d’accord avec l’usage que je fait de ce terme.