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Paul Verlaine : Mon rêve familier

mercredi 12 juin 2019, par Denis Blaizot

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

J’ai découvert ce poème en cours de français quand j’étais au lycée. Et je fus très surpris de découvrir qu’il n’y avait que moi pour penser à la mort. Et le prof avait été surpris que je fasse cette remarque.
Mais je n’en démords pas presque 40 ans plus tard : Paul Verlaine parle de la mort.