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Serge Brussolo : Trajets et itinéraires de la mémoire

samedi 17 mai 2014, par Denis Blaizot

Éditions Folio — 2013 2013 —560 pages

Quatrième de couverture :

Villes malades où des ordinateurs s’affrontent en combats souterrains à coups de munitions humaines. H.L.M. de cauchemar dont les locataires, nus, s’exposent aux piqûres de mystérieuses mouches. Camp où les prisonniers sont soumis à d’insupportables séances d’irradiation. Musée gigantesque dont personne n’a jamais vu les limites. Tour-dispensaire insalubre surplombant une réserve de paysans souffrant d’étranges troubles de la personnalité...
C’est à un trajet baroque et cruel que vous convie ce recueil, sur les traces d’un auteur alors en devenir, aujourd’hui culte : Serge Brussolo. Ces quatorze nouvelles des débuts de sa carrière permettent de revenir sur la genèse d’un talent hors norme, confirmé depuis par les chefs-d’œuvre que sont Le syndrome du scaphandrier, La Planète des Ouragans ou encore La nuit du bombardier.

Ce volume contient :

  1. Vue en coupe d’une ville malade
  2. La Mouche et l’araignée
  3. La Sixième colonne
  4. Comme un miroir mort
  5. Soleil de soufre
  6. ...de l’érèbe et de la nuit
  7. Mémorial in vivo. Journal inachevé
  8. Off
  9. Anamorphose ou les liens du sang
  10. Funnyway
  11. Subway, éléments pour une mythologie du métro
  12. « Trajets et itinéraires de l’oubli »
  13. Visite guidée
  14. Aussi lourd que le vent...

Toutes ces nouvelles ont été préalablement publiées dans la collection Présence du futur Présence du Futur Collection de poche des éditions Denoël des éditions Denoël, principalement dans les volumes Vue en coupe d’une ville malade et Aussi lourd que le vent.

Mon avis : J’ai lu ces deux recueils lorsque j’étais étudiant... il y a longtemps :P mais alors que je me souviens y avoir pris plaisir, je n’en ai gardé qu’une faible trace dans ma mémoire. Le souvenir de leur lecture remonte à la surface après chaque nouvelle ; une impression de « déjà lu » plus qu’un souvenir. J’ai lu bien d’autres titres de Brussolo, mais n’en ai gardé aucun et aucun me m’amène à chercher à lire toute l’œuvre de cet excellent écrivain. Le petit texte de présentation de l’auteur placé au début de ce volume permet sans doute de l’expliquer :

Écrivain prolifique, adepte de l’absurde et de la démesure, Serge Brussolo, né en 1951 1951 , a su s’imposer à partir des années 1980 1980 comme l’un des auteurs les plus originaux de la science-fiction et du roman policier français. LA puissance débridée de son imaginaire, les visions hallucinées qu’il met en scène lui ont acquis un large public et valu de figurer en tête de nombreux palmarès littéraires.

Vue en coupe d’une ville malade est l’une des plus réussies. C’est une excellente idée d’imaginer la dérive d’une ville dans laquelle les maisons, suréquipées en terme de domotique, finissent par dérailler, atteinte d’une sorte de démence qui les lance dans un délire de prospective.

La Mouche et l’araignée n’a rien à voir avec les invertébrés. Mais encore et toujours avec la condition humaine et la folie. Très réussie.

Très certainement hanté par les conséquences d’une guerre nucléaire et marqué par l’histoire de la seconde guerre mondiale, La Sixième colonne retrace un exode massif de population des plus absurdes. À lire.

Histoire d’un naufrage spatial, Comme un miroir mort décrit un univers peu respectueux des lois de la physique, mais très cohérent. Bien agréable.

Soleil de soufre est excellente. Cette civilisation, qui ne connaît pas la douleur, est fascinée par le feu. Au point d’organiser l’incendie de villes entières pour permettre aux habitants de s’immoler dans un énorme brasier.

Pour ...de l’érèbe et de la nuit, Brussolo nous a concocter une civilisation dans laquelle la population est séparée en deux groupes : les dormeurs et les éveillés. Les premiers dormant pour les seconds. Mais que se passe-t-il si l’un des dormeurs se réveille, victime d’insomnie ?

Dans Mémorial in vivo. Journal inachevé, les héros sont victimes d’une drogue qui amène leur corps à se souvenir de toutes les sensations jamais vécues ; les agréables comme les désagréables. Mais peut-on supporter les souvenirs de plusieurs sensations simultanément... surtout s’il s’agit de souvenirs douloureux.

Off. Le bruit est interdit. Mais que devient la musique ? Comment peut réagir un musicien professionnel à ce silence forcé ? Très mal, bien sûr. La folie le guette comme dans beaucoup de texte de la même époque de cet écrivain.

Anamorphose ou les liens du sang est surprenante, mais elle ne m’a pas marqué plus que ça. Encore une aventure de la folie.

Funnyway est à rapprocher de La Sixième colonne. Encore une histoire d’exode, suite à une guerre... ou quelque chose de ce genre. Mais cette fois, c’est à vélo que nos héros malheureux doivent fuir. Fuir un monde absurde dans un univers absurde.

Subway, éléments pour une mythologie du métro, comme son titre l’indique, est une histoire alternative du métro dans un univers à la Brussolo, où il ne faut se fier à rien de ce qu’on croit connu.

« Trajets et itinéraires de l’oubli » est déroutante, tant par son contenu que par son mode narratif. Retour en arrière, points de vue multiples et, au demeurant assez lente et inintéressante.

Visite guidée est en définitive ce que son titre annonce. Une visite guidée d’une galerie de monstres ; personnage aux caractéristiques des plus surprenantes et pleine de potentiel. Mais voilà, ça s’arrête là, ou presque. Le narrateur nous fait sa petite séance de psychanalyse en nous racontant ses souvenir et en nous décrivant des lieux et des personnages des plus improbables : Supermarché et camping spécialisés dans la chirurgie à destination du grand public, personnes atteintes de problème psychologique lourds (incapacité à marcher normalement, à voir autre chose que le bois, à percevoir correctement les distances, etc.) Mais je cherche encore l’histoire racontée. Y en a-t-il seulement une ? Ah, oui ! Dans le dernier tiers un semblant d’histoire fait surface avant de sombrer lamentablement dans la médiocrité du pseudo-héros de cette non-histoire. Heureusement que cette nouvelle est l’avant-dernière du recueil. Si elle avait été première, j’aurais abandonné cette lecture.

Avec Aussi lourd que le vent j’en arrive à la conclusion que je ne suis plus d’humeur à lire des textes basés sur des notions aussi peu scientifiques qu’une drogue qui permet à son consommateur de solidifier l’air en poussant des cris, en hurlant des mots. Si cette nouvelle n’avait pas démarrer lentement, sans véritable trame, je pense que je l’aurais lue avec attention. Là, après m’être enlisé dans les deux précédentes, je n’ai qu’une envie : reposer ce bouquin et passer à autre chose.

En bref : Près de cinq mois pour lire un livre de poche de seulement 560pages, tellement je n’ai pu m’empêcher d’entamer des lectures plus attrayantes que celle-ci. La plume de Brussolo est une belle plume, mais les nouvelles contenues dans ce volume sont réservées à un public particulier. Si vous n’avez pas le cœur à ces histoires décalées, certaines vous rebuteront au point, peut-être, de vous faire passer à coté de trésors.

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